" ... Conforter l'identité villageoise,
renforcer le rôle de lieu de vie des "noyaux villageois" de la ville,
doit passer notamment par un respect des préconisations ... "
(Orientations d'Aménagement et de Programmation
du Plan Local d'Urbanisation - Ville de Nîmes - 2018)
Tour de pierre contre Tour de béton …
Très
mauvaise nouvelle en cette fin d’année pour notre patrimoine ancestral :
d’ici 3 ans la tour de l’ancien moulin sur son piédestal collinaire ne sera
plus… à la hauteur.
Elle
était notre phare, notre repère, le toit de notre petit monde local, notre
vigie en quelque sorte veillant sur le site à quelques quatre-vingts mètres
d’altitude : en 2022, son statut de point culminant naturel lui
sera volé par un intrus sorti de terre à ses pieds, un immeuble d’habitations
dont la toiture de béton plafonnera au-delà de cette cote. Comment en est-on
arrivé là ?...
Première
erreur d’appréciation : l’emplacement du terrain offert au Crous de
Montpellier pour la future construction d’une cité universitaire (voir
n° 36 et 37 d’avril et août 2018).
Certes,
nous avions bien admis que le choix de cette zone était inévitable : déjà
installés sur le lieu ou à proximité, le
resto U, l’IUT, les lycées Darboux et Jules Raimu, la Fac de médecine, plus la
nouvelle ligne du tram’bus bientôt en fonction pour la desserte du CHU et de
ces établissements.
Ce qui était contestable, et nous l’avons contesté, c’est
le choix de la parcelle haute dans l’espace disponible pour le projet
architectural : nous avions cru comprendre que les futurs bâtiments seraient
élevés au bas du terrain pour mieux s’intégrer dans la zone naturelle
environnante.
Deuxième
erreur d’appréciation : les inquiétudes formulées (limites d’implantation
de la zone constructible, y compris les parkings ; caractéristiques du
bâtiment, les dimensions, hauteur notamment ; accès par voies publiques
existantes ou création de nouvelles voies ; maintien du stationnement
actuel pour les promeneurs ; dispositions à prendre pour le respect et la
préservation de l’environnement existant…) n’ont pas été suivies d’étude
contradictoire sur le terrain.
Constat : double erreur d’appréciation,
sans concertation avec les personnes à même d’apporter un éclairage sérieux,
une vision juste sur la meilleure utilisation de l’espace.
Qui
donc connait le mieux cette zone que ceux qui en sont proches, qui sont sur
leur lieu de vie, que ceux qui sont des usagers réguliers voire quotidiens de
ce domaine public ?...
Résultat :
trois immeubles vont s’élever au plus près du restaurant universitaire, dont le
plus haut (de 7 niveaux soit environ 24 m. de hauteur !) en bordure même
de la rue Jules Raimu, au point le plus élevé de celle-ci (!!).
Sans
ajouter les conséquences des dommages collatéraux…
C’est
navrant, c’est rageant, c’est désolant, de ne pas être entendu pour que les
meilleures conditions d’adhésion à un projet aussi important pour l’avenir
soient remplies.
Alors que l’on nous parle des vertus d’un conseil
citoyen !...
Notre réaction
La
presse locale, dans les colonnes du quotidien Midi Libre notamment, s’en est fait l’écho à plusieurs
reprises : déception d’abord mêlée de stupeur lors de la présentation d’une maquette de la future
construction qui nous a été faite le 21 novembre ; colère ensuite partagée
avec nos amis saint-césairois, riverains en tête, adhérents de l’association et
responsables du comité de quartier : lire ci-après la
synthèse des premières réactions exprimées à ce sujet et transmises aux entités
concernées.
Que
le sommet de la colline du moulin à vent devienne le marchepied d’un immeuble
imposant ses six étages sur la pinède est une annonce intolérable pour les
saint-césairois. Quelle qu’en soit la destination, y compris sociale, il y
avait mieux à faire sur le versant Est du site pour intégrer de façon
"plus discrète" la résidence universitaire en cause.
Extraits des courriers adressés en commun
au nom de leurs adhérents et des saint-césairois,
par
l’association du patrimoine,
le comité de quartier de St Césaire-Mas Roman,
et
des riverains de la colline du moulin à vent.
Courrier1 Á Monsieur le Maire de Nîmes,
Nous ne doutons pas que le conseil municipal
lui-même a été abusé, et qu'il n’aurait jamais accepté d’offrir ce terrain si précieux et si rare s’il avait connu la
déplorable réalité, irresponsable, du projet architectural …
Le 12 juin 2018, en réponse aux inquiétudes
exprimées dans un courrier adressé par l’association du patrimoine le 27 avril
précédent, vous faisiez part de
votre volonté « de veiller à ce que l’opération soit de qualité et
bien étudiée dans toutes ces composantes afin de préserver le site et la
qualité de vie des habitants ».
Permettez-nous en outre, Monsieur le Maire, de citer
les quelques extraits suivants du document "Orientations d’Aménagements et
de Programmation" de la révision du PLU adoptée par la municipalité en
2018, extraits relatifs aux "deux
noyaux villageois" de Courbessac et Saint-Césaire :
« Préserver
les formes urbaines compactes (petits immeubles… hauteurs limitées…), préserver
les bâtiments et les éléments de petit patrimoine historiques et ruraux,
aménager les espaces publics avec le souci de la mise en valeur des éléments
patrimoniaux existants (préservation et valorisation dans le cadre
d’aménagements urbains notamment),
renforcement de l’armature paysagère et écologique de la trame du grand
Ouest ».
Or, il
apparait … qu’aucune de ces recommandations n’a été prise en compte par le
Crous et que le respect attendu de la préservation du site n’a pas été suivi
d’effet.
Le début des travaux étant annoncé pour l’été
prochain, nous avons l’honneur, Monsieur le Maire, de solliciter votre
intervention auprès des responsables du Crous afin que soit réalisée une
nouvelle étude d’intégration de ce projet dans l’espace dédié, respectant, autant dans la lettre que dans
l’esprit, les assurances qui avaient été données (bâtiment esthétique, peu
visible, avec un accès par le bas de la
colline, valorisation du site).
C’est notre sens de la collectivité, que vous
représentez, qui nous a poussés à accepter, pour le bien commun, d’offrir, sous
conditions, une grande partie de cet écrin précieux, au CROUS.
Celui-ci s’était engagé sur les aspects esthétiques
et environnementaux, et c’est sur cet engagement que la commune, c’est-à-dire
les contribuables, c’est-à-dire nous-mêmes en partie, a accepté d’offrir (pour
1€ symbolique) ce très vaste terrain sur cette magnifique colline, chargée
d’histoire, refuge d’une faune et d’une flore remarquables, et si chère aux habitants de Saint-Césaire qui,
petits et grands, viennent depuis de nombreuses générations s’y promener. … / …
Courrier 2
Á Monsieur
le Directeur du CROUS
Montpellier
(Centre Régional Œuvres Universitaires
et Scolaires)
… / …
votre
prédécesseur M. Philippe Prost avait assuré à l’association du patrimoine « être conscient que ce site est
remarquable.
Nous souhaitons préserver au maximum celui-ci (écrivait-il) par une bonne intégration de cette nouvelle
résidence dans la colline de St Césaire.
Et c’est un des paramètres qui
sera intégré fortement… ».
Qu’en est-il
aujourd’hui ?...
-
Bien
intégré l’ensemble immobilier dans le site ?... sachant que la concentration des trois
bâtiments, peu imaginatifs, au
plus près du restaurant universitaire, va anéantir à jamais la beauté naturelle
du lieu, l’atmosphère paisible jusqu’alors préservée, qui faisait le charme de
la promenade aux portes du village…
-
Bien
étudiée l’élévation des bâtiments ?... sachant que le plus imposant, sept
niveaux d’élévation (env. 26 m !), doit être construit au point le plus
haut de la rue Jules Raimu, qu’il va supprimer le parking à disposition des
promeneurs et des étudiants (ceux venant au restaurant universitaire qui déjà
l’occupent en totalité, et doivent se garer aussi dans les rues adjacentes). Il
écrasera de plus le sommet de la petite colline, éclipsera par son volume la
tour de l’ancien moulin et sa magnifique pinède environnante, défigurera le
paysage par surplomb de la falaise ouest et les rues du village d’où seront
visibles les étages supérieurs…
-
Bien
étudiée la qualité de vie des habitants ?... sachant que les seules voies
d’accès à la cité seront la rue Jules Raimu et le chemin du moulin à vent, que
les occupants (environ 400) des 320 logements vont transformer l’espace restant
de la colline en leur jardin particulier, que les nuisances de circulation vont
très lourdement impacter la qualité de vie, de ce quartier…
-
Alors
qu’un accès par la partie basse de ce terrain était prévu sur plan, ce qui
semblait logique puisque donnant directement sur un grand axe, nous apprenons
que le CROUS a finalement décidé de ne pas réaliser cet accès,
et que les riverains du sommet de Saint-Césaire devront subir le passage de
plusieurs centaines de véhicules supplémentaires par jour sur des voies qui
n’ont pas été prévues pour cela…
Nous vous faisons donc part de notre grande colère
et du refus très ferme de permettre la réalisation en l’état de ce
projet retenu par votre commission d’appel d’offres … / …
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