mercredi 8 janvier 2020

Feuille d'infos N° 41 - Décembre 2019



" ... Conforter l'identité villageoise,
renforcer le rôle de lieu de vie des "noyaux villageois" de la ville,
doit passer notamment par un respect des préconisations ... "
(Orientations d'Aménagement et de Programmation
du Plan Local d'Urbanisation - Ville de Nîmes - 2018)

 
 

 Tour de pierre contre Tour de béton …

Très mauvaise nouvelle en cette fin d’année pour notre patrimoine ancestral : d’ici 3 ans la tour de l’ancien moulin sur son piédestal collinaire ne sera plus… à la hauteur.
Elle était notre phare, notre repère, le toit de notre petit monde local, notre vigie en quelque sorte veillant sur le site à quelques quatre-vingts mètres d’altitude : en 2022,  son statut de point culminant naturel lui sera volé par un intrus sorti de terre à ses pieds, un immeuble d’habitations dont la toiture de béton plafonnera au-delà de cette cote. Comment en est-on arrivé là ?...
Première erreur d’appréciation : l’emplacement du terrain offert au Crous de Montpellier pour la future construction d’une cité universitaire (voir n° 36 et 37 d’avril et août 2018).
Certes, nous avions bien admis que le choix de cette zone était inévitable : déjà installés sur le lieu ou à proximité,  le resto U, l’IUT, les lycées Darboux et Jules Raimu, la Fac de médecine, plus la nouvelle ligne du tram’bus bientôt en fonction pour la desserte du CHU et de ces établissements.
Ce qui était contestable, et nous l’avons contesté, c’est le choix de la parcelle haute dans l’espace disponible pour le projet architectural : nous avions cru comprendre que les futurs bâtiments seraient élevés au bas du terrain pour mieux s’intégrer dans la zone naturelle environnante.
Deuxième erreur d’appréciation : les inquiétudes formulées (limites d’implantation de la zone constructible, y compris les parkings ; caractéristiques du bâtiment, les dimensions, hauteur notamment ; accès par voies publiques existantes ou création de nouvelles voies ; maintien du stationnement actuel pour les promeneurs ; dispositions à prendre pour le respect et la préservation de l’environnement existant…) n’ont pas été suivies d’étude contradictoire sur le terrain.
Constat : double erreur d’appréciation, sans concertation avec les personnes à même d’apporter un éclairage sérieux, une vision juste sur la meilleure utilisation de l’espace.
Qui donc connait le mieux cette zone que ceux qui en sont proches, qui sont sur leur lieu de vie, que ceux qui sont des usagers réguliers voire quotidiens de ce domaine public ?...
Résultat : trois immeubles vont s’élever au plus près du restaurant universitaire, dont le plus haut (de 7 niveaux soit environ 24 m. de hauteur !) en bordure même de la rue Jules Raimu, au point le plus élevé de celle-ci (!!).
Sans ajouter les conséquences des dommages collatéraux…  
C’est navrant, c’est rageant, c’est désolant, de ne pas être entendu pour que les meilleures conditions d’adhésion à un projet aussi important pour l’avenir soient remplies.
Alors que l’on nous parle des vertus d’un conseil citoyen !...
 
Notre réaction
La presse locale, dans les colonnes du quotidien Midi Libre  notamment, s’en est fait l’écho à plusieurs reprises : déception d’abord mêlée de stupeur lors de la  présentation d’une maquette de la future construction qui nous a été faite le 21 novembre ; colère ensuite partagée avec nos amis saint-césairois, riverains en tête, adhérents de l’association et responsables du comité de quartier : lire ci-après la synthèse des premières réactions exprimées à ce sujet et transmises aux entités concernées.
Que le sommet de la colline du moulin à vent devienne le marchepied d’un immeuble imposant ses six étages sur la pinède est une annonce intolérable pour les saint-césairois. Quelle qu’en soit la destination, y compris sociale, il y avait mieux à faire sur le versant Est du site pour intégrer de façon "plus discrète" la résidence  universitaire en cause.







 
 

 
Extraits des courriers adressés en commun
au nom de leurs adhérents et des saint-césairois,  
par l’association du patrimoine,
le comité de quartier de St Césaire-Mas Roman,
et des riverains de la colline du moulin à vent.
 

Courrier1                                                                                                             Á Monsieur le Maire de Nîmes,

 
… / … nous voulons vous exprimer notre sentiment d’avoir été trompés par le Crous, lequel a réussi, en fait, à obtenir gratuitement, de notre commune, un terrain extraordinaire, historique, irremplaçable.
Nous ne doutons pas que le conseil municipal lui-même a été abusé, et qu'il n’aurait jamais accepté d’offrir ce terrain si précieux et si rare s’il avait connu la déplorable réalité, irresponsable, du projet architectural …
Le 12 juin 2018, en réponse aux inquiétudes exprimées dans un courrier adressé par l’association du patrimoine le 27 avril précédent, vous  faisiez part de votre volonté « de veiller à ce que l’opération soit de qualité et bien étudiée dans toutes ces composantes afin de préserver le site et la qualité de vie des habitants ».
Permettez-nous en outre, Monsieur le Maire, de citer les quelques extraits suivants du document "Orientations d’Aménagements et de Programmation" de la révision du PLU adoptée par la municipalité en 2018, extraits relatifs aux "deux noyaux villageois" de Courbessac et Saint-Césaire : 
« Préserver les formes urbaines compactes (petits immeubles… hauteurs limitées…), préserver les bâtiments et les éléments de petit patrimoine historiques et ruraux, aménager les espaces publics avec le souci de la mise en valeur des éléments patrimoniaux existants (préservation et valorisation dans le cadre d’aménagements urbains notamment),  renforcement de l’armature paysagère et écologique de la trame du grand Ouest ».
Or, il apparait … qu’aucune de ces recommandations n’a été prise en compte par le Crous et que le respect attendu de la préservation du site n’a pas été suivi d’effet.
Le début des travaux étant annoncé pour l’été prochain, nous avons l’honneur, Monsieur le Maire, de solliciter votre intervention auprès des responsables du Crous afin que soit réalisée une nouvelle étude d’intégration de ce projet dans l’espace dédié,  respectant, autant dans la lettre que dans l’esprit, les assurances qui avaient été données (bâtiment esthétique, peu visible, avec un accès  par le bas de la colline, valorisation du site).
C’est notre sens de la collectivité, que vous représentez, qui nous a poussés à accepter, pour le bien commun, d’offrir, sous conditions, une grande partie de cet écrin précieux, au CROUS.
Celui-ci s’était engagé sur les aspects esthétiques et environnementaux, et c’est sur cet engagement que la commune, c’est-à-dire les contribuables, c’est-à-dire nous-mêmes en partie, a accepté d’offrir (pour 1€ symbolique) ce très vaste terrain sur cette magnifique colline, chargée d’histoire, refuge d’une faune et d’une flore remarquables, et si chère aux habitants de Saint-Césaire qui, petits et grands, viennent depuis de nombreuses générations s’y promener. … / …

 

Courrier 2  
                                                                               
Á Monsieur le Directeur du CROUS Montpellier
(Centre Régional Œuvres Universitaires et Scolaires)
 
… / …
votre prédécesseur M. Philippe Prost avait assuré à l’association du patrimoine « être conscient que ce site est  remarquable.
Nous souhaitons préserver au maximum celui-ci (écrivait-il) par une bonne intégration de cette nouvelle résidence  dans la colline de St Césaire.
Et c’est un des paramètres qui sera intégré fortement… ».
 

Qu’en est-il aujourd’hui ?...
 
-          Bien intégré l’ensemble immobilier dans le site ?...  sachant que la concentration des trois bâtiments, peu imaginatifs, au plus près du restaurant universitaire, va anéantir à jamais la beauté naturelle du lieu, l’atmosphère paisible jusqu’alors préservée, qui faisait le charme de la promenade aux portes du village…
-          Bien étudiée l’élévation des bâtiments ?... sachant que le plus imposant, sept niveaux d’élévation (env. 26 m !), doit être construit au point le plus haut de la rue Jules Raimu, qu’il va supprimer le parking à disposition des promeneurs et des étudiants (ceux venant au restaurant universitaire qui déjà l’occupent en totalité, et doivent se garer aussi dans les rues adjacentes). Il écrasera de plus le sommet de la petite colline, éclipsera par son volume la tour de l’ancien moulin et sa magnifique pinède environnante, défigurera le paysage par surplomb de la falaise ouest et les rues du village d’où seront visibles les étages supérieurs…
-          Bien étudiée la qualité de vie des habitants ?... sachant que les seules voies d’accès à la cité seront la rue Jules Raimu et le chemin du moulin à vent, que les occupants (environ 400) des 320 logements vont transformer l’espace restant de la colline en leur jardin particulier, que les nuisances de circulation vont très lourdement impacter la qualité de vie, de ce quartier…
-          Alors qu’un accès par la partie basse de ce terrain était prévu sur plan, ce qui semblait logique puisque donnant directement sur un grand axe, nous apprenons que le CROUS a finalement décidé de ne pas réaliser cet accès, et que les riverains du sommet de Saint-Césaire devront subir le passage de plusieurs centaines de véhicules supplémentaires par jour sur des voies qui n’ont pas été prévues pour cela…
Nous vous faisons donc part de notre grande colère et du refus très ferme de permettre la réalisation en l’état de ce projet retenu par votre commission d’appel d’offres … / …  

 

 

 

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