mardi 15 novembre 2016

La photo du mois


Oliviers replantés
sur la colline du moulin à vent.
 Ils furent l'arbre-roi
sur le territoire de Saint-Césaire
jusqu'en février 1956 :
le gel persistant et profond
qui atteignit ce mois-là
des températures négatives historiques
décima la quasi totalité des olivettes locales ...
et régionales.

Hiver 1956 : un glaçon dans la mémoire !...

Ceux qui l’ont vécu voici soixante ans ne l’ont jamais oublié :
succédant à un mois de janvier normal, voire relativement doux, la France entière s’est vue brutalement envahie par une vague de froid qualifié de "sibérien".
Et durable : un mois complet, du 1er au 28 février !!!...
(retour à la normale à partir du 29, année bissextile).
Du jamais vu auparavant au 20ème siècle, et sans récidive depuis.
 
En quarante-huit heures, au début de ce mois de février, neige, gel, vent glacial, s’abattirent partout sur le pays avec plus ou moins d’intensité suivant les régions, mais de façon inhabituelle sur le sud notamment : transports routiers paralysés, activité ferroviaire bloquée, fleuves gelés, vie économique perturbée à l’échelle de l’Europe occidentale, nos voisins frontaliers étant également plongés dans cet épisode impressionnant, aux conséquences dramatiques – près de 1000 victimes dénombrées en Europe !
 
A Nîmes, la température devenait négative dès le 1er février (près de moins 6°) et continuait à chuter brutalement les jours suivants (– 11° le 2: la courbe du mercure allait alors évoluer en dents de scie jusqu’à la fin du mois, les maximales variant de 9°8 à – 9°8, les minimales de – 1 à près de – 14, des valeurs de température inférieures de 20° par rapport aux normes habituelles de saison dans notre région.
A Nîmes toujours, le paroxysme allait être atteint le vendredi 10, le thermomètre affichant – 13,6° (!!) sans dépasser - 9°8 au meilleur moment de la journée, record de froid enregistré à Nîmes, à battre !...
C’est dire que se déplacer sur un sol continuellement gelé était devenu l’exercice le plus périlleux auquel nous étions soumis, car il fallait bien que la vie suive son cours en essayant de s’adapter au mieux : pour se protéger de la rigueur du froid, on doublait l’équipement vestimentaire, doubles chaussettes, doubles tricots, caleçons longs sous les pantalons, écharpes et bonnets protégeant les oreilles, nous restions quasiment habillés la nuit sous les couches de couvertures, en réchauffant le lit avec bouillottes et briques. Pour les collégiens et lycéens d’alors dont je faisais partie, le meilleur moment de la journée était le trajet en bus de Saint-Césaire à Nîmes : garçons et filles, nous nous agglutinions au fond du car (debout), bien serrés les uns contre les autres, une aubaine de circonstance qui nous faisait trouver le trajet trop court…
 
Mais ce qu’il reste dans la mémoire collective en référence à ce terrible mois de février 1956, et le marque, c’est l’anéantissement par le gel des olivaies, dont la quasi-totalité de l’important domaine ceinturant Saint-Césaire ne survivra pas ici, comme ailleurs dans la région et l’ensemble méditerranéen.
Ce fut certes exceptionnel, mais nous savons bien que la violence des caprices météorologiques soudains se confronte épisodiquement aux limites humaines… et que les records sont établis pour être battus !...

Francis Brun