lundi 16 septembre 2013

De Mascard : l’unique rue personnalisée du vieux village

Les rues de Saint-Césaire - à l’intérieur des limites de ce que fut l’ancien village jusqu’à la fin des années soixante - ont la particularité de dénommer le lieu bien précis qu’elles desservent : rues de l’église, du temple, de l’école, mais aussi chemins du lavoir, du moulin, et encore avenue de la gare, etc. etc… 
Une seule pourtant fait exception, c’est une singularité locale, en étant baptisée d’un nom de personne : il s’agit de la rue de Mascard, qui conduit de la place des écoles à l’intersection avec la rue Jules Raimu (à noter que celle-ci fut aménagée sur le lit du cadereau de Valdegour qu’elle recouvre, lequel constituait la "limite Est" du village avant la construction des nouveaux quartiers Clos des Coqs et des Gallines). 
L’odonyme de cette rue de Saint-Césaire est un bel exemple de l’évolution manuscrite affectant un nom de famille au fil du temps, en fonction des fantaisies administratives d’inscription à l’état civil : ainsi la chronologie abrégée des Combet de Mascart, devenu Demasquard, ensuite De Masquard, …et puis enfin de Mascard comme orthographié aujourd’hui. Nombre de saint-césairois ont découvert le nom de cette personnalité du village lorsque fut apposée la plaque de rue à la fin des années soixante, et bien peu connaissent l’existence même de ce monsieur "de Mascard" à la mémoire duquel est dédiée cette rue. Qui était-il donc ? 
Né à Nîmes en août 1819, Louis-Eugène De Masquard habita toute sa vie à Saint-Césaire où était son activité principale, la viticulture (la résidence des "châtelains" Combet de Mascart était située au Château de la Cascade, le vaste parc qui descend de la colline du moulin à vent jusqu’aux abords de l’église). 
Louis-Eugène De Masquard était un personnage de fort caractère, assez atypique dans son milieu d’origine, dont la renommée s’imposa par des écrits sur la sociologie ; il fut entre autres Membre de l’Académie de Nîmes, collabora à plusieurs journaux, en particulier à ceux traitant d’agriculture, et il connut la notoriété dans le domaine de la sériciculture dont il fit sa spécialité, suite à son mariage avec la fille d’un filateur de soie d’Alès : le grave problème de la maladie des vers à soie, sujet sur lequel son érudition s’exprima dans de nombreuses publications, en fit un adversaire acharné de Louis Pasteur, avec qui il polémiqua sans relâche jusqu’à la mort du savant chercheur. 
Sa biographie a retenu de lui qu’il fut un "réformateur rural contestataire, humaniste et républicain, adversaire acharné du capitalisme", qu’il combattit de toutes ses forces en dénonçant «la féodalité financière qui ruine l’agriculture et la France pour s’enrichir». Des propos déjà vieux de 150 ans !... 
Ce haut personnage de la vie saint-césairoise du 19ème siècle est décédé en novembre 1906 : le cimetière dit protestant, route de Rouquairol, abrite le tombeau de la famille De Masquard.

La photo du mois

Vendanges en septembre
fin des années quarante :
une "colle" de saint-césairois
posant pour la postérité
avant le ramassage des raisins
(remarquer sur la droite l'arrière du cheval
déjà attelé, en attente du remplissage
 du tombereau à grande roue appelé pastière).