samedi 16 août 2014

La photo du mois



C'est sur cette voie de garage désaffectée,
jouxtant le dépôt de matériel militaire
toujours existant de nos jours (clôture à gauche),
que fut retenu pendant 2 jours le convoi du "train fantôme".
Isolé à 500 m de la gare et hors de vue du village,
les soldats allemands en interdisaient toute approche.
Seuls les cheminots et quelques riverains eurent vraiment connaissance de cet épisode douloureux de fin de l'Occupation,
survenu les 11 et 12 août 1944.


Commémoration d'août 1944 : Saint-Césaire, étape du dernier convoi vers l'Allemagne.

11 août 1944 :
il est 3h00 du matin lorsque stoppe en gare de Saint-Césaire un long train composé essentiellement de wagons "à bestiaux"; contraint de s'arrêter avant d'atteindre Nîmes et poursuivre son trajet, le convoi est "garé" sur une voie de service, au plus près des bâtiments de la garnison allemande installée à proximité d'un important dépôt d'essence depuis le début de l'Occupation. Ce train va entrer dans l'histoire de la seconde guerre mondiale comme étant "le dernier convoi vers la mort" : à l'intérieur des wagons en bois, près de 800 personnes, hommes et femmes, sont entassées comme du bétail et vivent un véritable cauchemar qui dure déjà depuis près d'un mois.
Tout a débuté le 30 juin de cette année 1944 : ce jour-là, les derniers détenus - 403 précisément - du camp du Vernet d'Ariège, sont acheminés à Toulouse par les allemands afin d'être déportés vers des camps de concentration. Ce sont pour la plupart des résistants d'origine étrangère, notamment espagnols républicains et réfugiés d'autres nationalités. Formé à Toulouse le 3 juillet, le train a d'abord pris la direction de Bordeaux, puis d'Angoulême, avant de rebrousser chemin vers Bordeaux où les transportés seront débarqués et consignés pendant presqu'un mois. C'est le 9 août que le train à nouveau formé va reprendre son parcours chaotique, retour sur Toulouse, puis direction l'est de la France par notre région.
A Saint-Césaire, le stationnement durera deux jours, les 11 et 12 août : hormis quelques proches riverains et le personnel de la gare, peu de saint-césairois connaitront le drame dont le petit village était le théâtre; impossible d'approcher les lieux, de tenter quoi que ce soit, le convoi est isolé et bien gardé pendant ces 48h00. Il fait très chaud en ce mois d'août, seuls quelques cheminots seront autorisés à aider les soldats allemands à fournir de l'eau et de la nourriture aux pauvres malheureux victimes de la barbarie nazie.
Le 13 août, le convoi repartira. Deux jours après aura lieu le débarquement en Provence des troupes françaises et alliées, des combattants africains, épaulées par les résistants. Nîmes sera libérée le 24 août, et après le débarquement intervenu en Normandie le 6 juin, la France sera libérée en grande partie à la fin août.
Mais malgré cela, alors que se déroulent les combats pour la libération, le périple du train, émaillé d'arrêts fréquents, de sabotages des voies par les maquisards, d'évasions, de morts, va se poursuivre jusqu'à son terminus, le camp de Dachau où il arrivera le 28 août !... après deux mois de trajet : c'est la durée de parcours la plus longue de l'histoire de la déportation. Transférés ensuite au camp de Mauthausen, plus de la moitié de ceux arrivés à destination par ce "dernier train" ne verront pas la victoire alliée et la capitulation de l'Allemagne nazie en mai 1945.
L'odyssée de ce "train fantôme" peut être suivie jour après jour en consultant le site internet de l'amicale des survivants, Déportés du Train Fantôme www//lesdeportesdutrainfantome.org : villes étapes, temps forts, faits importants... Une page de cette tragédie est consacrée à la halte de Saint-Césaire : à ne pas oublier !