Entre les 208 et 228 rue du Temple, avez-vous peut-être remarqué ce qui semble être un passage, une voie de traverse, voire la naissance d’une ruelle sans issue. Préservé par le temps, oublié par le passant, cet accès qui se termine en impasse n’est autre que le vestige d’une draille, d’un chemin médiéval.
Il faut imaginer qu’au 11ème siècle, la bourgade de Saint-Césaire - à l’époque
Sancto Césario - se limitait à une dizaine de maisons au plus concentrées aux abords de la "table de pierre", aujourd’hui « Table ronde », et il s’agissait plus précisément du petit ilot appelé le Fort. Le site de Saint-Césaire était alors le lieu de passage obligé venant de Nîmes en direction de la Vaunage : le chemin principal de relation entre ces pays passait par Pissevin, arrivait au village par le nord, l’actuelle rue de l’Eglise, et continuait son trajet par la rue du Temple puis la rue de l’Espoir.
Un peu d’histoire : cette voie était fort fréquentée car essentielle déjà à l’époque du peuple gaulois ; en effet, elle permettait de relier le plus directement possible les deux capitales du territoire celte des Volques, Nîmes étant celle des Volques Arécomiques, et Vieille-Toulouse celle des Volques Tectosages (au sud de l’actuelle Toulouse). Ce chemin d’importance capitale, c’est le cas de le dire, traversait la Vaunage jusqu’à Sommières, contournait le Pic St Loup par le nord, descendait ensuite sur Gignac puis prenait la direction de la Haute-Garonne, en passant par Bédarieux et Mazamet. Il était connu sous le nom de chemin de Vieille-Toulouse.
Revenons à Saint-Césaire qui était donc logé dans une boucle de ce chemin, entre la rue de l’Eglise et la rue du Temple ; et pour relier l’une à l’autre au droit du Fort, une petite draille entrait dans la bourgade par le nord et en ressortait par l’ouest, desservant au passage le petit cimetière médiéval.
C’est cette portion qui est encore visible de nos jours.
En 2012, a été présentée au Conseil de Quartier de Nîmes-Ouest une demande de travaux de voirie concernant l’évacuation des eaux pluviales à la hauteur du 208 rue du Temple, avec rénovation totale de l’impasse qui nous intéresse : belle opportunité évidemment de mettre en valeur ce vestige historique, d’autant plus qu’a été proposée, pour rehausser le caractère ancien du lieu, la mise en place de pavés.
Bonne nouvelle : séduit par cette proposition, le président du Conseil de Quartier, M. Richard Tibérino, adjoint au maire délégué à Saint-Césaire, l’a faite validée par le bureau du Conseil et votée par celui-ci en séance du 23 janvier dernier. Ainsi, la rénovation de la "draille médiévale" devrait être réalisée en 2014.
Ce petit bout de chemin oublié, bien qu’il ne mène nulle part aujourd’hui, peut cependant conduire notre imaginaire aux portes des origines de notre millénaire village : l’histoire ne peut s’écrire sans repères.